Service militaire... A une époque désormais révolue et pour pratiquement tous les jeunes de sexe masculin, le service militaire était un des grands événements balisant le passage à l’âge adulte. Ils sont nombreux à avoir entendu leurs parents ou grands parents dire un jour «Tu verras quand tu iras soldat !». Avertissement lourd de sens à l’implicite à peine voilé qui en quelque sorte signifiait «Ce jour là, tu comprendras ta douleur, mon gaillard !». Et ainsi chaque année, ils étaient des milliers à se faire encaserner, découvrant la vie et la logique militaire souvent à mille lieues de «l’habitus» civil. On y retrouvait des riches, des pas riches, des beaux, des pas beaux, des intellectuels, des illettrés, des coincés ou des téméraires, des méchants ou des gentils. Bref tout un échantillon parfaitement représentatif de la population masculine d’un pays. La pyramide et les strates sociales définissant la société civile se trouvaient presque par magie aplanies dans une espèce d’horizontalité unificatrice. Horizontalité ? Les choses ne se passaient pas trop mal pour les dociles qui ne cherchaient pas à comprendre. Par contre, ceux qui n’acceptaient pas se prenaient l’autorité militaire en pleine poire. Pourtant, une majorité d’anciens miliciens ont plutôt un bon souvenir de leur passage à l’armée. Certains se font même une gloire de ce vécu. En tous cas, ils ont tous des longues histoires à raconter avec presqu’invariablement des anecdotes qui tournent autour de visites médicales d’incorporation à la limite du burlesque et du surréalisme, des adjudants retors, de l’instruction militaire, des exercices de tir, du salut au drapeau, des rentrées tardives à la caserne avec les punitions à la clé, des camions foireux qui engloutissent des dizaines de litres au cent kilomètres, des corvées, des ordres tordus, de la démobilisation se terminant en des guindailles mémorables. Les anciennes chambrées de la Chartreuse sont garnies de ces fresques humoristiques où des miliciens ont dessiné le quotidien de leur épisode militaire. Mode comique oui, mais on décèle distinctement sur plusieurs dessins le «blues» du troufion, éloigné pendant plus d’un an de ses proches. Impossible de dater toutes ces réalisations, mais les uniformes, les casques et les chaussures qui y sont représentés laissent à penser qu'elles ont été peintes entre 1946 et 1952 ou 53, époque à laquelle les soldats portaient des uniformes de style anglais. Seul un dessin représente un soldat coiffé d'un casque américain. Comme au rez-de-chaussée de la caserne, les fresques des chambrées sont lourdement menacées par l’usure du temps. Certaines, que l’on retrouve photographiées et en bon état sur d’autres sites d’exploration urbaine, sont déjà pratiquement effacées. Bientôt, il ne restera rien de tout cela...
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Une des nombreuses chambrées, aménagées dans une salle de l'ancien fort hollandais au premier étage. C'est dans plusieurs d'entre elles que l'on trouve les dessins réalisés par les miliciens qui étaient casernés pendant plus d'un an. |
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L'orchestre de jazz |
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Journée ordinaire du milicien lambda |
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"La Guéguerre" |
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Le blues du milicien |
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Sport |
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