Un charbonnage parmi tant d'autres
 
     
 

Ce charbonnage fut mis en service en 1912, suite à des sondages fructueux réalisés entre 1906 et 1909. Les deux puits avaient leur dernière communication à l’étage 1150 m, mais le puits n° 1 avait été approfondi en reconnaissance jusqu’à - 1350 m, ce qui en faisait un des plus profonds d’Europe, juste avant ceux du charbonnage de Bas-Longs-Prés (1370 m). Malgré un équipement moderne pour l’époque, la production stagna aux alentours des 60 000 tonnes de charbon par an, ce qui rendait cette exploitation marginale avec seulement de 400 à 500 personnes employées selon les périodes.

Les installations souterraines avaient été classées "mine grisouteuse de deuxième catégorie" par l’Administration des Mines, c’est à dire moyennement grisouteuses. Cela n’empêcha pourtant pas que la défectuosité d’une lampe provoque un coup de grisou le 12 octobre 1920, entraînant la mort de 12 mineurs. En 1935, la société propriétaire interrompit l’exploitation. Les installations furent toutefois maintenues en état en attendant des jours meilleurs. Mieux, le charbonnage fut racheté par une société plus puissante et des travaux de modernisation furent entrepris après la deuxième guerre mondiale avec des crédits alloués par le Plan Marshall. Malgré cela, les activités ne reprirent pas et en 1958, à la suite de la crise du charbon, cette mine fut définitivement abandonnée.

Dans les années qui suivirent, les deux puits furent bouchés par une dalle de béton et les chevalements démolis en 1965, de même que tout l'équipement technique de surface. Tout le reste fut conservé tel quel et revendu à d’autres occupants. Le dernier en date exploitait des conteneurs et vient tout récemment d’abandonner les lieux. Les bâtiments ont bien souffert de 50 ans d’entretien réduit à sa plus simple expression , le lierre a envahi certaines façades et les toitures se dégradent. Malgré cela, on peut toujours admirer la belle unité architecturale d’un ensemble non dénué d’une recherche esthétique certaine. On y trouve un triage, un long bâtiment qui abritait conjointement les bureaux, les ateliers et la réserve d'aliments et de fourrage pour les chevaux, un autre édifice monolythique qui abritait les machines d'extraction des deux puits, les compresseurs et le ventilateur. Reste enfin le bâtiment de la lampisterie, des vestiaires et des bains-douches. Les lieux sont calmes et baignent dans une atmosphère sereine avec l'impression que l’âme des lointains mineurs est toujours présente. C’est donc pour préserver cet endroit d’un envahissement destructeur que son nom ne sera pas révélé.