Les origines de ce charbonnage liégeois remontent aux alentours de 1850, date à laquelle un premier puits descendait déjà à 230 mètres. Par manque de moyens techniques et financiers pour combattre les venues d’eau importantes, l’exploitation fut abandonnée en 1877. Comme elle possédait un gisement intéressant, elle fut reprise par la Compagnie de Micheroux en 1907. C’est cette compagnie qui réaménagea le puits n°1 et fit construire les très beaux bâtiments de style médiéval que l’on connaît aujourd’hui, avec cette célèbre tour d’extraction en briques d’une hauteur de 30 mètres, au sommet de laquelle fut installée une des premières machines d’extraction électrique en Belgique. Au départ, il n’y avait qu’un seul puits, le retour d’air s’effectuant par des galeries débouchant à la surface.

Par la suite, Micheroux fusionna avec d’autres compagnies pour former la Société des Charbonnages du Hasard qui à la belle époque de l’industrie charbonnière possédait trois sièges : Micheroux, Belle-Vue à Herstal et bien entendu, le siège de Cheratte. Ce dernier deviendra par la suite le siège le plus important du Hasard. Pour augmenter sa capacité extractive, le puits n°2 fut foncé en 1923 jusqu’à 313 mètres. L’exiguïté des lieux obligea la société à l’équiper d’un chevalement tour avec machine d’extraction au sommet, plutôt qu’un chevalement classique avec machine au sol. Cette tour fut construite en poutrelles d’acier avec remplissage de briques.

Les travaux de fonçage du puits n°3 débutèrent avant la seconde guerre mondiale et se terminèrent en 1947, au terme de l’exploitation, sa profondeur atteindra 480 mètres. Ce puits fut équipé d’une tour d’extraction en béton prévue pour être dotée d’une machine au sommet. Pour des raisons obscures, cette nouvelle tour fut convertie en chevalement «classique» par adjonction de poussards, de molettes au sommet et d’une machine d’extraction Alsthom de 2600 W implantée au sol. La mise en service de cette nouvelle installation en 1953 ou 1956 entraîna l’abandon de l’extraction par les puits n°1 et 2, ces derniers étant convertis en puits de service pour la descente et la remontée du personnel et du matériel. Le nouveau puits n°3 fut équipé également d’une recette de surface moderne avec encagements et décagements automatisés.

Selon un almanach de l’industrie charbonnière datant de 1964, la production de Cheratte, à cette époque, était de 250 000 tonnes nettes par an, soit 1000 tonnes par jour, niveau très honorable, car plutôt rares étaient les charbonnages wallons dont la production annuelle dépassait les 200 000 tonnes. Ces performances et la bonne qualité du charbon maigre, dont la demande restait très forte, valurent à Cheratte d’être désigné pour être l’avant dernier siège du bassin liégeois à devoir fermer. L’arrêt interviendra le 31 octobre 1977, soit deux ans et demie avant Blégny.

 
     
   
     
   
     
   
     
   
     
   
     
   
     
   
     
   
     
 
 
     
   
     
   
     
   
     
   
     
   
     
   
     
 
 
     
   
     
   
     
 
 
     
   
     
 
 
     
   
     
   
     
 
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