La cokerie d'Anderlues

C'est en 1903 que fut créée cette cokerie par la Société des Houllières d'Anderlues, afin de valoriser le charbon gras extrait dans sa concession. En 1930, une nouvelle usine comprenant des nouveaux fours à coke et des installations de fabrication de sous-produits fut construite pour succéder à la cokerie primitive. Après une dernière adjonction de fours supplementaires en 1962, Anderlues était en mesure de produire 120 000 tonnes de coke de fonderie par an. En 1969, à la suite de la fermeture du dernier siège d'extraction de la société, il fallut trouver une nouvelle source d'approvisionnement de charbon. C'est en Amérique qu'on la trouva avec un charbon ayant des propriétés analogues à celui produit à Anderlues auparavant, ce qui assura un nouvel avenir à la cokerie.

Mais les actionnaires, plutôt que de réaliser les investissements nécessaires pour moderniser l'outil, préférèrent en tirer un maximum en ne consentant que des dépenses minimales, tant et si bien qu'au début des années 2000, cette usine se retrouva dans un état de délabrement avancé. Il était nécessaire de réaliser un investissement de 10 millions d'Euros afin que la cokerie puisse continuer ses activités et se trouver dans les normes environnementales. S'ajoutait à cela un effondrement momentanné du prix du coke sur les marchés mondiaux, ce qui entraîna une perte de revenus importante. A l'été 2002, la situation était devenue intenable. Des tentatives furent menées pour trouver les fonds nécessaires pour un sauvetage, mais ce fut en vain... Le 15 octobre 2002, le conseil d'administration décida la cessation des activités. Dès ce moment le processus de mise à mort de la cokerie débuta avec la fermeture d'une première batterie de 20 fours. L'agonie s'acheva le 19 novembre avec le dernier défournement à la batterie 1. Un des ultimes bastions de l'industrie charbonnière wallonne s'en allait sans gloire, laissant à la fabrique à boulets du Roton à Farciennes le douteux privilège d'être le dernier vestige vivant de l'épopée du charbon. Mais avant tout, la disparition de la cokerie d'Anderlues fut un drame social dans une région déjà durement éprouvée, puisque 120 travailleurs perdirent leur emploi et allèrent gonfler les rangs des chômeurs.

Une semaine avant cela, j'avais pu visiter l'usine. L'impression qui dominait lorsque l'on pénétrait dans ces installations était que le temps s'était arrêté cinquante ans plus tôt, tant tout, jusque dans les moindres détails, paraissait dater d'une époque antédiluvienne. De là, j'ai ramené une série de photos avant tout documentaires d'une visite sous haute surveillance, et donc sans le temps nécessaire pour faire du cadrage artistique ! Cette série va se compléter au fur et à mesure des scans et de la restauration des négatifs.