Le puits Saint-Albert à Ressaix

Après la seconde guerre mondiale, la volonté des autorités belges et des responsables de l'industrie charbonnière fut de ramener la production annuelle de charbon à son niveau de 1938. L'outil était vétuste et durement éprouvé par le manque d'entretien qui avait sévi durant le conflit. En même temps, la concurrence des charbons étrangers commençait à se faire sentir. Si elle voulait survivre, l'industrie charbonniière belge devait se restructurer en profondeur. Cela passait notamment par la concentration de la production sur quelques sièges d'extraction performants.

Peu de société charbonnières prirent conscience de cette nécessité. Parmi elles, la société des charbonnages de Ressaix, Peronnes, Saint Aldegonde et Genk, située dans la région du Centre décida de concentrer sa production sur deux de ses sièges : Sainte Marguerite et Saint Albert. Ce dernier était un petit charbonnage assez vétuste, mais qui avait l'avantage de se trouver à un endroit clé de la concession. On entreprit donc de le moderniser. Pour ce faire, on remplaça un petit chevalement métallique par un chevalement-tour en béton avec machine au sommet. Ce choix de construire une tour d'extraction était motivé par le fait que la place était comptée et qu'il aurait été difficile d'installer un chevalement classique avec machine au sol.

La société put compter sur des crédits du plan Marshall pour mener à bien ses modernisation allant de la refonte totale de son siège Saint-Albert jusqu'à la construction du nouveau triage-lavoir de Péronnes. Le nouveau puits fut mis en service en 1954. Sa capacité de production journalière était de 3000 tonnes par jour. D'un diamètre de 5 mètres, il était équipé d'une machine d'extraction construite conjointement par l'usine Alsthom de Belfort en France et les Ateliers du Thiriau à La Louvière. Cette machine avait une puissance de 3300 chevaux et assurait la translation, à une vitesse de 23 mètres par seconde, de deux cages à quatre étages pouvant emporter dans chacun d'eux une berline de 2,5 mètre cube. Le nouvel équipement demeura en service durant seulement quinze ans et fut donc fermé en 1969. Le siège Saint Albert ne fut pas le seul a être doté d'équipements modernes : plusieurs charbonnages du Centre subirent une modernisation radicale, tout comme au Borinage et dans une moindre mesure dans le bassin de Charleroi, le plus souvent avec des fonds généreusement octroyés par les autorités belges et européennes, témoignage de leur inconséquence et de leur manque de vision à long terme, puisqu'elles n'hésitèrent pas, peu après, à condamner l'industrie charbonnière walonne. Après la cessation des activités extractives, le puits Saint Albert fut maintenu en état et ultérieurement réutilisé par la société Distrigaz qui transforma, tout comme à Anderlues, le complexe minier de Ressaix-Péronnes en un immense réservoir de stockage de gaz naturel.

Aujourd'hui, la tour du puits Saint Albert est toujours là... Elle est en bon état et a conservé certains de ses équipements, dont la machine d'extraction installée à son sommet. L'avenir du site semble assuré, puisqu'il existe une réelle volonté de le conserver.

Cette visite n'aurait pu avoir lieu sans l'autorisation de la firme de distribution de gaz qui gère le site. Mes remerciements vont en particulier à Monsieur Bourguignon qui nous a accompagné et nous a fourni de nombreuses explications.

 

 
   
 

La tour du puits Saint Albert. Une certaine recherche architecturale a manifestement présidé à sa conception.

 
 
 
     
   
 
Rez de chaussée de la tour. Les wagonnets étaient déchargés dans un sous-sol et étaient repris par une chaîne releveuse pour être dirigés sur une passerelle vers le triage lavoir de Péronnes situé à quelques centaines de mètres de là.
 
 
 
 
L'armature supportant le système de guidage des cages.
 
   
     
   
 
Le treuil de secours du puits Saint Albert.
 
 
 
     
   
     
   
     
   
     
   
     
   
 
Vestiges des activités passées, deux "bérottes" servant à transporter les bois de mine.
 
   
     
   
     
 
 
     
   
 
Plongée sur le treuil de secours
 
 
 
 
La molette du treuil de secours
 
   
     
 
 
     
 
 
     
   
     
 
 
     
   
 
La molette de compensation servant à maintenir le câble des cages dans l'axe du puits